Débat Budgétaire du 2 Février 2006
Madame le Maire, chers collègues,
Le débat d’orientation budgétaire est un exercice obligatoire, prévu par la loi. Il permet à la municipalité de préciser ses orientations pour l’année à venir et à l’opposition de présenter ses propositions pour une ville que nous souhaitons, que je souhaite plus fraternelle demain qu’elle ne l’est aujourd’hui.
Car dans ce débat, je sais que vous nous parlerez de chiffres, de conjonctures économiques,de dettes, d’emprunt, de politiques dans tel ou tel secteur, de réalisations, d’entreprises, d’architectes, de béton, d’asphalte, vous parlerez d’argent, de vos amis ministres, que vous appelez preuve de proximité par leur prénom, mon cher Nicolas, mon cher Brice qui parlerons de vous après que vous-même en ayez abondamment parlé, vous nous assommerez de clips et de photos, vous mettant en scène, de micro trottoir dans lesquels on retrouve un certain nombre de vos partisans, pour certains bien connus de nous, et qui spontanément vous dressent des couronnes. Mais je sais surtout que vous ne parlerez pas des femmes et des hommes qui dans notre ville, cinq ans après votre élection, la regrettent chaque jour un peu plus et n’aspirent qu’à une chose, le changement. Vous ne parlerez surtout pas de tous ceux qui de plus en plus nombreux souffrent des décisions que vous prenez. En effet, avec vos bon amis de droite, vous avez au mieux décidé de les faire disparaître derrière des discours mensongers, des chiffres proclamés, au pire de les stigmatiser au nom de cette vieille constante du libéralisme qui considère le faible comme responsable de ses difficultés. Alors permettez-moi de vous faire entendre ces voix que vous ignorez et que vous aimeriez bien voir disparaître de notre ville tant elles agacent votre conformisme bien pensant. Les récriminations sont nombreuses, et proviennent d’habitants de tous nos quartiers. Car finalement ce qu’ils ont en commun, c’est le bon sens et devant les yeux la réalité. Quels sont donc les sujets qui reviennent inlassablement dans les critiques qu’ils formulent à l’encontre des politiques que vous développez dans cette ville ?
Tout d’abord et malgré l’acharnement de votre propagande ils condamnent toujours la hausse des impôts que vous avez injustement imposé à tous.
Car les habitants regardent leur feuille d’imposition et particulièrement ceux qui habitent le logement social et sont astreints à payer la taxe d’habitation. Cet impôt chacun le reconnaît est le plus injuste car il ne tient pour ainsi dire pas compte des revenus, et cet impôt pèse lourd pour les familles les plus modestes. Alors faisons les comptes… Aux 30% de hausse que vous avez décidée en 2002 se sont ajoutés chaque année, par suite de l’application des lois de finance des augmentations de 1 à 2%, et surtout une augmentation parfois considérable des valeurs locatives. Alors je dis à tous les habitants de notre commune, regardez- bien vos avis et faites le calcul. Dans de nombreux cas on dépasse les 50%..Mais ne vous arrêtez pas au pourcentage et constater l’augmentation en brut. Pas étonnant dans ces conditions que nous soyons les champions dans le département.
Mais vous avez à être inquiet car l’adjoint aux finances en accord avec son Maire, affirment que nos valeurs locatives sont insuffisantes, sans doute quand il les compare avec Neuilly. Peu lui importe que les augmentations des valeurs locatives, contribuent à chasser de notre ville les populations les plus modestes car c’est ce qu’ils souhaitent. Ne vous étonnez pas alors, que la Municipalité qui à son mot à dire dans cette réévaluation des valeurs locatives, continuera à réclamer aux services fiscaux de nouvelles hausses. Elle contribuera même à cette hausse, par la politique de l’habitat qu’elle poursuit. En effet, sous l’influence de nombreux agents de l’immobilier, présents dans les rangs de sa majorité au sein du Conseil Municipal, sous l’influence de promoteurs immobiliers amis, elle privilégie l’accessibilité résidentielle, qui participe de la hausse de l’immobilier, à l’achat comme à la location, base de référence pour le calcul de la valeur locative. Ce qui est vrai pour la taxe d’habitation est aussi vrai pour la taxe foncière et la taxe professionnelle. Avoir enfin le culot de présenter ces hausses comme largement atténuées aujourd’hui, comme le fait la municipalité, par l’inflation qu’elle estime à 2% par an, frise la provocation et n’a pour but que de maintenir des taux élevés même si la collecte s’améliore chaque année Ce ne sont pas les salariés du public dont les salaires sont bloqués et qui ont rompu les négociations avec l’état employeur compte tenu de la proposition ridicule que ce dernier a fait, ni ceux du privé à qui ont demande toujours plus pour faire face à la concurrence internationale, ni les chômeurs, qui partageront cette hypocrisie. Ils savent bien que leur pouvoir d’achat se réduit et ils voient bien que de toute part vous prélevez toujours plus sur eux quand votre gouvernement allège l’impôt des plus riches. Ils lisent en outre dans l’augmentation du stationnement, l’absence de gratuité de deux heures dans le parking du centre, dans la hausse de leur facture d’eau qui les conduit à payer la viabilisation qui auparavant était compris dans le budget communal, dans les augmentations de certains services tout autant de mesures qui compriment toujours plus le budget familial. Alors nous vous le disons, il faut modifier la politique fiscale dans cette ville et mettre à l’ordre du jour une réduction de l’impôt.
La seconde remarque qui revient sans cesse c’est l’inquiétude de ne plus pouvoir continuer à vivre à Colombes.
Cette question touche de nombreuses catégories sociales et pas simplement les catégories sociales les moins favorisées. A Colombes l’offre de logement abordable se raréfie. Logement sociaux tout d’abord dans lesquels le turn-over diminue rapidement. En effet de plus en plus nombreux sont les habitants qui ne peuvent aujourd’hui sortir du logement social faute d’un parcours résidentiel. Cette situation à pour conséquence l’augmentation de la frustration des mal logés en attente de réponse dans l’habitat social. Leur nombre reste très important et les réponses apportées à leurs demandes, parfois méprisantes et sentencieuses, l’opacité des critères d’attribution, ne font qu’accentuer le mécontentement. Et quand se profile une rénovation accompagnée d’augmentation souvent plus lourde des charges que des loyers, quand un programme de démolition oblige un relogement alors ils s’aperçoivent que l’amélioration évoquée dans des vidéos publicitaires se traduira pour eux par le départ du quartier et par des augmentations importantes de loyer, à superficie égale. Dans notre ville cette inquiétude s’accroît d’autant plus que si l’on voit chaque jour de nouveaux chantiers de construction démarrés il ne s’agit jamais de logement sociaux mais de projets très résidentiels inabordables pour le plus grand nombre.
Car telle est votre volonté., identique en cela à celle de votre mentor Nicolas Sarkozy, changer la ville en accueillant toujours plus de personnes à niveau élevé de rémunération, et comme vous n’arrivez pas à faire partir assez vite les habitants dans les quartiers d’habitat locatif, comme vos projets sur tous ces quartiers sont dans l’impasse, alors vous densifiez ailleurs quitte à remettre en cause les quartiers pavillonnaires .Vous encouragez les promoteurs à construire vite, pas toujours très bien mais toujours plus chers. La conséquence de cette politique c’est l’accroissement des inégalités entre les quartiers, et donc entre les habitants de notre commune, c’est le départ de nombreuses familles y compris de cadres moyens qui désireuses d’acquérir leur habitat principal doivent aujourd’hui traverser la Seine, aller plus loin encore pour trouver une offre correspondant à leurs moyens. C’est cette politique de l’habitat qu’il nous faudra demain remettre en cause en diversifiant l’offre, en reprenant une politique de construction de logements sociaux de qualité, en reconstruisant dans chaque quartier autant de logements sociaux que de logements démolis en imposant à chaque promoteur l’obligation d’inclure dans chaque programme 20% de logements sociaux. Seule cette politique, appuyée sur les efforts de la Région qui crée une agence foncière pour faciliter les acquisitions, seule l’augmentation de l’offre permettra de faire baisser le prix de l’immobilier permettant à des catégories sociales plus nombreuses de vivre ensemble à Colombes.
La troisième question que j’aborderai, faute de pouvoir tout traiter dans les quelques minutes qui nous sont accordées concerne votre politique de l’emploi et votre politique sociale.
Dans le domaine de l’emploi vous relayer jusqu’à la caricature les discours de ceux qui nous gouvernent. Vous vantez vos politiques de l’emploi, lancer avec assurance des chiffres d’emplois créés, vous projetez en emplois les mètres carrés de bureaux qui seront créés demain, sans voir qu’il s’agit d’emplois peu en rapport avec ce qu’attendent les chômeurs dans notre ville et particulièrement les jeunes. Vous vous félicitez enfin de la baisse du nombre des chômeurs en refusant de voir ce qui se cache derrière ces déclarations, derrière ces chiffres. Et bien ouvrez les yeux et les oreilles, écoutez ce que disent nombre d’économistes sur la croissance molle qui ne crée pas d’emplois, à tel point que l’un des vôtres, l’un des champions du libéralisme Alain Madelin vient d’écrire que la France s’appauvrit. Car si les chiffres du chômage baissent, en partie à cause des radiations et du papy-boom qui se profile, la précarité augmente. Bien qu’en baisse ces chiffres restent inquiétants à Colombes. Ils cachent aussi de grandes inégalités entre nos quartiers, et l’étude que vous reproduisez dans les documents pour le Conseil est accablante. Taux de chômage au Petit-Colombes 20,6%, 17,3% à l’Europe, 16% aux Fossés-Jean quand il est de 13,9% sur l’ensemble de la ville. Mais plus grave ce taux atteint pour les 15-24 ans, 31,7% au Petit-Colombes, 32,9% à l’Europe et 30,9% aux Fossés-Jean quand il est de 24,4% sur la ville. L’exclusion est là ; elle concerne encore plus les jeunes qui n’accèdent pas à l’emploi même lorsqu’ils sont diplômés parce que la ségrégation s’ajoute aux difficultés rencontrées par tous les jeunes. Cette situation d’urgence sociale vous ne la prenez pas en compte mais plus grave vos décisions, celles du gouvernement contribuent à l’aggraver. Car derrière le triomphalisme de l’adjoint en charge de ces questions, derrière le travail sérieux des services, la réalité est aveuglante. Nombreuses sont les familles touchées par le chômage, et parfois on compte sous le même toit deux générations au chômage. Et combien de nos concitoyens qui ne sont plus recensées dans ces chiffres, soit parce qu’ils ont trouvé un emploi à temps partiel payé au minimum, les condamnant à devenir ces travailleurs pauvres dont tout le monde reconnaît l’augmentation, soit plus grave parce que sortis du chômage ils sont venus grossir la liste des attributaires du RMI, dont il est indiqué qu’en 2004 elle s’est allongée de 22,38% par rapport à 2003 soit 750 nouvelles demandes pour atteindre fin 2004 , 1975 allocataires et près de 2100 aujourd’hui. Alors votre politique pour l’emploi, c’est comme pour tout, beaucoup de poudres aux yeux. Quand à votre action directe en temps que collectivité employeur, elle a de quoi inquiéter l’ensemble des agents qui constate aujourd’hui que vous réduisez les postes dans certains services, et que vous ne créez pas les postes nécessaires quand la charge de travail augmente considérablement comme dans les écoles rénovées ou les surfaces à entretenir sont en fortes augmentation. Il est vrai que dans ce secteur vous avez déjà supprimé de nombreux postes. Alors soyons clairs, la situation de l’emploi est telle, elle pèse si lourd dans le quotidien de nombreuses familles, qu’elle contribue fortement au mal vivre dans nos quartiers. Elle risque d’accroître les tensions, voire une déstabilisation dans nombre de nos quartiers. Et ce n’est pas votre réponse sécuritaire, votre police municipale aux effectifs réduits par le départ d’une partie de vos agents, votre vidéosurveillance qui règlent les causes de ce mal vivre. Toutes vos actions au contraire ont rendus les solutions de plus en plus difficiles. Votre politique de prévention est insuffisante. Vous saluez dans la crise des banlieues le travail des associations et c’est la moindre des choses que de reconnaître leur rôle, mais à ma demande de rétablissement de leurs subventions, amputées par vous pour la plupart de 10%+ 10% à cause de l’inflation depuis 2002, vous ne répondez pas, ce qui ne nous empêchera pas de continuer à le réclamer. Nous pourrions aussi détailler les insuffisances à l’égard des plus démunis, rappeler la fermeture du PASI, les tracasseries administratives inacceptables à l’égard des ressortissants étrangers quand ils font des demandes de regroupement familial, ou tout simplement des demandes en mariage.
Nous pourrions aussi mentionner votre absence de réponse quand votre gouvernement accentue la précarisation des jeunes avec les contrats premier emploi ou nouvelle embauche, ou quand il s’apprête à supprimer les ZEP, ce qui concerne à Colombes nos lycées et quatre collèges sur cinq, et aura pour conséquence de réduire les moyens donnés à nos écoles, acteurs essentiels de la solidarité entre les citoyens.
Vous l’aurez compris nos orientations s’opposent aux vôtres, Pas sur la forme mais sur le fond, parce que nos valeurs sont différentes. Pour nous l’égalité et la fraternité sont des conditions essentielles de la liberté.
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