COLERE ET DISCUSSIONS
Bloqué dès le matin depuis deux jours, le lycée est le théatre de vives discussions entre élèves , entre professeurs.
La consternation est grande face à l'attitude d'un pouvoir qui se raidit sur ses positions au risque d'accentuer toutes les fractures qui traversent notre société. Les élèves sont tiraillés entre ceux qui souhaitent poursuivre l'action, ceux qui la refusent tenant souvent des discours très nihilistes, très individualistes, ou se mélangent pêle-mêle le refus du CPE mais aussi de l'action collective, le sentiment qu'il faut d'abord se débrouiller tout seul dans une société dont ils se sentent exclus.
Les enseignants aussi ont prolongé les discussions dans la salle des professeurs. Tous souhaitent que la liberté des expressions ne conduisent pas à des situations de tension trop forte entre les élèves. Forcer l'écoute respective, admettre d'entendre des avis différents, respecter l'autre, maintenir dans cette période difficile un maximum de sérénité, tel est le comportement de la majorité des collègues.Mais en même temps entre nous les arguments s'échangent et il se dégage le sentiment largement partagé que nous traversons, non seulement une crise sociale mais une véritable crise politique. Il apparait clairement que le CPE après le CNE et toute une série de remises en cause du droit du travail préparent d'autres attaques et sans doute pour demain la remise en cause du statut de la fonction publique. Dans ces conditions l'incapacité d'ouverture réelle du pouvoir, lui même fortement contesté par le suffrage universel en 2004, discrédité au point d'enregistrer le niveau le plus bas dans les sondages pour le chef de l'Etat, affaiblit grandement notre démocratie.
Dans ces conditions l'arrêt du conseil Constitutionnel ne change rien à notre détermination.
Il nous faut réussir la mobilisation du mardi 4 Avril.
Dans la suite de cet article vous trouverez le communiqué de presse d'Arnaud Montebourg sur la décision du Conseil Constitutionnel et un appel à la journée de grève et d'actions du 4 Avrill lancé ce jour par toutes les formations politiques de gauche.
Déclaration d'Arnaud Montebourg: Député de Saone et Loire, Vice Président de la Commission des Lois
Paris, le 30 mars 200
Le Conseil Constitutionnel a trahi sa mission.
Composé d’affidés serviles du pouvoir exécutif et principalement d’anciens collaborateurs de la droite au pouvoir, il vient de porter un coup fatal à l’état de droit et à la démocratie.
Si Jacques Chirac promulgue la loi, ce n’est pas seulement la fin du pouvoir chiraquien qui est programmé, c’est au bout de l’épreuve de force la chute d’un régime aveugle et autoritaire.e Conseil Constitutionnel a trahi sa mission.
Déclaration commune de la gauche
Au terme de la conférence de presse du 31 mars 2006, les forces de gauche (Alternative citoyenne, Alternatifs, Gauche républicaine, Mars, MRC, PS, PCF, PRG, LCR, Régions et peuples solidaires, les Verts) se sont accordées sur une déclaration commune pour le retrait du CPE.
"Depuis deux mois, partout en France, jeunes, lycéens, étudiants et salariés se sont retrouvés pour exiger le retrait du CPE. Le mouvement gagne en ampleur : plus de 60 universités et établissements d’enseignement supérieur, des centaines de lycées sont en grève.
La journée d’action interprofessionnelle du 28 mars a été extrêmement importante. Près de 3 millions de personnes ont manifesté. Des arrêts de travail ont été constatés dans de nombreux secteurs.
Ce puissant mouvement populaire marque le refus d’une très large majorité de Français – jeunes, salariés, retraités – de la politique du gouvernement qui échoue sur l’emploi et ne propose comme seule perspective que la précarité.
Face à la détermination de la jeunesse et des organisations syndicales contre le CPE pour marquer un coup d’arrêt à la politique de la droite, il est clair que l’objectif de la majorité actuelle est d’aller vers le démantèlement du code du travail et la disparition du CDI.
Face au front uni de la jeunesse et des syndicats, le gouvernement continue sa stratégie de confrontation. L’obstination du gouvernement, les déclarations provocatrices à répétition des membres du gouvernement sont irresponsables et favorisent un climat délétère. L’exécutif fait prévaloir des intérêts particuliers et ses luttes internes sur l’intérêt du pays.
Les organisations de la gauche et des écologistes soutiennent l’objectif du mouvement social en cours : obtenir le retrait du CPE.
Le gouvernement doit répondre aux attentes de l’immense majorité des jeunes, des salariés, des citoyens.
Les organisations et partis politiques de gauche demandent solennellement à Jacques Chirac le retrait du CPE pour engager des négociations avec les syndicats puis revenir devant le Parlement. Sachant les conditions exceptionnelles de son élection en 2002, il porterait une grave responsabilité en promulguant la loi. Ce serait un coup de force inacceptable.
Nous appelons tous les citoyennes et les citoyens à prendre part à la journée d’action, de manifestation et de grève du 4 avril et à toutes les initiatives qui suivront".
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